Il y a des larmes douces, limpides, claires et pures,
Lorsque des mots d’amour soignent enfin les blessures ;
Des larmes trop pudiques, de celles qui étouffent,
Révélant un émoi que sans cesse on repousse.
Des larmes douloureuses discrètement retenues,
Pour que rien n’apparaisse de ce mal qui nous tue ;
Des larmes impuissantes à calmer la rancœur,
Face à l’inéluctable, démunies de ferveur.
Des larmes impudiques inondant le visage
D’une peine sans limites, obscurcies par la rage ;
Des larmes si profondes qu’à flots elles se déversent,
Témoignant honteusement d’une grande tristesse.
Jaillissant lentement, des larmes terrifiées,
Pétrifiées d’injustice, contemplant l’incroyable,
Muettes et hésitantes, sûres d’être coupables,
Reflétant de la mort l’impassible visage.
Des larmes énervées jaillissant sans égards,
Cascade infernale renforçant le brouillard,
Qui loin de nous calmer, annihilent les gestes,
Eloignant de nos coeurs la raison qui nous reste.
Des larmes assoiffées d’une écoute ardente,
Pour que s’échappent enfin les démons qui nous hantent,
Se nourrissant d’espoir hors de toute souffrance.
Des larmes trop bruyantes, faussement répandues,
Appelant des échos, sûres d’être entendues ;
Cherchant le réconfort pour de fausses morsures.
Et il y a aussi des larmes si joyeuses,
Eclatantes de bonheur en leur onde soyeuse.
Ce sont ces larmes-là que je voudrais verser,
Jusque dans l’au-delà, pour toute éternité !