Rouge
Rouge, comme un ruban dans les cheveux des petites filles, qui ondule dans le vent,
Comme la lave exubérante et menaçante d’un volcan,
Rouge, comme les fraises, perles sucrées de la nature,
Comme le feu du soleil couchant qui nous ravit en s’embrasant,
Rouge, comme le fond d’une croix gammée brandie au nom de la pureté,
Comme les petits coquelicots, corolles frêles dans les prés,
Rouge, comme le tapis que l’on déroule pour les stars à travers la foule,
Comme le divin jus de la treille qui sage dans nos caves sommeille pour le seul plaisir des vivants,
Rouge, comme les corrections infligées à nos erreurs sur le papier,
Rectifiant sans aménité chaque mot mal orthographié,
Rouge, marquant tous les interdits,
Comme le feu qui nous arrête alors que le devoir nous presse,
Désignant tous les lieux maudits,
Comme le drapeau qui est brandi pour nous avertir du danger,
Rouge, comme les petites veilleuses rondes tapies dans l’obscurité,
Comme la flamme du briquet,
Comme les véhicules qui se hâtent pour nous sauver,
Ceux qui apportent les factures ou les messages d’amitié,
Rouge, comme le joyeux carmin des décorations de Noël,
Rouge écarlate qui nous fait rire quand du clown il colore le nez,
Rouge tendresse lorsque se pose sur notre main une coccinelle,
Rouge, comme la lanterne de la honte désignant du tour le dernier,
Rouge comme la fureur du taureau cherchant à éviter la cape,
Celui du carreau et du cœur, de la colère qui nous fait peur,
De l’envie, la malsaine sueur,
Rouge, comme celui de la confusion montant aux joues cramoisies,
Ou de la gêne qui nous inonde, de la timidité qui nous ronge, et le doux pourpre du désir,
Rouge comme les cicatrices de l’âme, comme le rubis de notre amour,
Rouge vif, comme le cœur d’une maman,
Rouge, comme le sang !