Je vous pardonne mère
Pour tout ce que vous ne m’avez pas donné,
Pour mes larmes amères, les punitions non méritées,
Pour toutes vos colères me suivant pas à pas,
Votre méfiance constante me refusant vos bras.
Je vous pardonne mère
Pour cette enfance pétrie d’indifférence amère
Pour vos regards furieux comme autant de reproches
D’être aussi votre enfant et de m’en sentir fière.
Je vous pardonne mère
Parce que quand vous souffrez
Je sens en moi aussi un feu me dévorer
Une rancune tenace pour votre indifférence
Aux soucis naturels de mon adolescence
Un désespoir noyé dans votre intolérance.
Je vous pardonne mère
Pour m’avoir incitée
Mille fois à m’enfuir de la maison aimée
Où je croyais grandir auréolée d’amour
Alors que votre haine accompagnait mes jours.
Tout cet amour perdu sans avoir en retour
Le moindre regard ému de l’auteur de mes jours
Cette force inutile me poussant à la quête
D’une passion impossible et inconditionnelle
Me laissant tout de même trois raisons de survivre et ce sont les plus belles.
Je vous pardonne mère
Qui avez fait de moi,
Une femme incapable de trouver sa voie,
Une femme aveugle aux sentiments sincères
Qui refuse de croire aux paroles trop claires.
Je vous pardonne mère
Parce qu’au bout de la route vous avez oublié,
Renforçant tous mes doutes
D’avoir été aussi une mère inconstante
Reproduisant les maux issus de son enfance.
Je vous pardonne mère car je vous vois si vieille
Vivant au jour le jour une vie en sommeil
Ignorant que l’amour est fait de gestes simples
De paroles si tendres qu’elles semblent irréelles
D’attentions si petites qu’elles passent inaperçues.
Je vous vois attirée par les dieux de l’Olympe
Attendant le moment où enfin vers le ciel
Vous marcherez sans peur car vraiment convaincue
De n’avoir pas failli à votre destinée.
Je vous pardonne mère
De m’avoir ainsi faite
Que je ne crois en rien sinon à la défaite.
Je vous pardonne mère…
Pour vous haïr il est trop tard !
Et puis surtout avant votre départ
Pour que votre âme s’élève, enfin apaisée,
Je vous demande pardon mère,
D’être née.
"L'âme supérieure n'est pas celle qui pardonne, mais celle qui n'a pas besoin de pardon"
(Citation de François René de Châteaubriant)