Tu étais une charmante chatte blanche avec un œil bleu et l'autre vert.
Quand je t'ai vue pour la première fois, j'ai su que ce serait toi, pas une autre, jamais.
Je t'ai prise dans mes bras, tu étais hésitante.
Ton regard a croisé le mien et tu m'as fait confiance.
Tu étais si douce, si attentionnée!
Tu répondais à ma voix, tu me rendais mes sourires, tu me comprenais.
Il me suffisait de faire un petit geste de la main et tu sautais sur mes genoux où tu te lovais confortablement et tu t'endormais heureuse.
Parfois, je te soulevais délicatement, tu ne bougeais pas, ton corps gracieux se laissait transporter à mon gré de mes genoux au coussin, du coussin à mes genoux, rien ne pouvait t'arriver!
Mutine parfois, tu t'étirais avec délices, tes petites griffes raclant délicatement le tissu de mon jogging.
Ta petite tête venait chercher la caresse sous ma main, insistante.
Tu aimais ce léger gratouillis entre les oreilles et ton ronronnement me réchauffait le cœur par ses accents de tendresse charmante.
Et puis parfois, sans me dire pourquoi, tu me délaissais pour d'autres bras, peut-être plus fermes ou moins remuants et je te regardais partir tristement.
Avec une pointe de jalousie me taraudant le cœur, je te voyais t'installer ailleurs avec autant de plaisir et de douceur.
Tu me toisais de loin, me défiant d'oser venir te reprendre, d'avoir ce courage de t'arracher à l'autre pour t'avoir à moi seule.
Puis, tu reprenais ton sommeil confiant et je t'oubliais pour un moment.
Feindre l'indifférence, voilà ce qu'il fallait faire pour que tu me reviennes.
Et tu me revenais, vive, alerte.
Je ne te voyais plus alors posant doucement tes pattes de devant sur mes épaules, tu me léchais le nez de ta langue râpeuse et rose, puis tu posais ton front contre le mien et tu poussais doucement comme pour créer une osmose de pensées entre nous deux.
Ensuite, tu trouvais mon oreille que tu léchais tendrement et tu mordillais légèrement mes cheveux.
Après ce rituel, tu reprenais ta place dans mon giron, en conquérante victorieuse ne doutant pas de ma totale soumission.
Tu étais gentille, douce et fidèle!
Tu m'as comprise lorsque je souffrais, et des heures entières tu restais lovée sur mes blessures.
Tu étais la douceur et la tendresse sans compromis, sans demande en retour.
Parfois tu faisais une petite sortie, tu n'allais jamais très loin et tu revenais en courant quand je criais ton nom.
Mais un jour, tu n'es pas revenue!
Pourquoi a-t-il fallu qu'un automobiliste, sans doute pressé de rentrer chez lui pour je ne sais quelle raison, te percute et t'enlève soudainement à moi, sans s'en inquiéter, sans s'en excuser, s'enfuyant, lâche anonyme, te laissant mourante sur l'asphalte où je t'ai retrouvée.
Tu m'as lancé un dernier regard comme pour me demander pardon de m'abandonner et mon cœur a saigné pour toi plus que de raison.