"Tu n'écris plus?" Et ce disant, elle m'enlaça tendrement, me serrant contre son cœur. Ma tête lourde de tristesse et de questionnement se posa tout naturellement au creux de son épaule et elle me caressa doucement le dos du paume de la main comme je le faisais lorsque petite, elle avait un gros chagrin, pour calmer ses pleurs. "Non, je n'écris plus, j'ai la tête vide … ou trop pleine, c'est selon …" Des larmes de rage montaient du plus profond de moi, je sentis le tremblement nerveux des sanglots qui commençait à m'agiter et me dégageai de son étreinte. "Mais pourquoi ma petite maman?" dit-elle en reculant d'un pas. "Je na sais pas, il y a trop de choses, tout se bouscule dans ma tête et puis, il y a d'autres priorités." "C'est pourtant bien toutes ces histoires que tu inventes …" Oui, elle aimait mes écrits, elle, mon unique lectrice et ce qui me minait c'était le manque d'intérêt de lecteurs inconnus qui auraient pu me communiquer leurs critiques, positives ou négatives, peu importait, pourvu qu'elles me permettent d'avancer, de faire le point et à nouveau ouvrir la porte à mon imagination pour qu'elle transmette au papier tous ces délires et ces souvenirs qui trottaient encore dans mon cerveau affaibli par les attaques sournoises des orages intérieurs. Et puis, il me fallait du calme, moins de soucis, être sereine, oublier le quotidien, les obligations, en un mot choisir l'isolement total en me coupant du monde. Je n'étais pas prête pour cela. Alors, chaque fois qu'une histoire commençait à naître dans mes pensées, je la chassais en essayant de penser à la réalité du moment présent et aux tâches essentielles que j'aurais à accomplir ce jour-là. Elle me parla longuement et prit le temps d'écouter mes réponses. Petit à petit, la confiance revint, un regain de dynamisme m'envahit toute entière et je lui demandai de rejoindre les autres, de me laisser seule un instant. Elle avait peur de sortir. "Tu ne vas pas faire une bêtise, hein, ma petite maman?" "Non, non, rassure-toi, tu as su trouver les mots qu'il faut." Je m'assis à mon bureau et rassemblai toutes ces feuilles volantes noircies d'histoires étranges et de souvenirs bizarres et me mis en devoir de les trier. Plus tard, je décidai de les recopier proprement, leur donnai un titre. Certaines furent difficiles à classer tant est fragile la frontière entre le souvenir et la réalité.
Je vous les livre aujourd'hui, sans réserve, en espérant qu'ils vous plairont et vous permettront de passer quelques heures agréables de lecture. A vous de décider dans quelle catégorie vous voulez placer chacune de ces nouvelles en fonction de votre propre ressenti.